DIVINE IDYLLE…
À l’origine de notre quête du confort : l’idéal !
Qui n’a jamais rêvé de se prélasser au sein d’un intérieur reposant, conçu selon un model parfaitement parfait ?
Aujourd’hui, je m’interroge ?… Existe t-il vraiment un idéal ?… Comment le savoir, si nous n’avons pas pris soin de le définir ? Est-il définissable ?
Suivant les propositions « algorythmiques » sur lesquelles nos yeux restent rivés, l’idée d’un idéal naissant dans l’instant, s’éteint dans la fraction de seconde suivante. Trop de propositions nous embrouillent, restreignent nos créées-actions et favorisent l’extinction du vivant. Le monde est au croisement d’une nouvelle voie. Point de départ : l’inutile pour cheminer vers l’« IN » utile. Point d’arrivé ?… S’il en existe un : L’accomplissement ! Celui d’avoir en écho-logique su transmettre une saine et sereine vivance aux générations futures. N’est-ce pas là, la véritable définition de l’idéal ?… Être « IN » ?
LE DÉCADENT VISIBLE…
Alors qu’émergeaient en 1995 les premières ventes en ligne, j’ai observé dans un même laps de temps, le déploiement de décharges à ciel ouvert, en parallèle de celles à ciel couvert : nos habitations.
C’était prévisible ! Étudier, millimétré…, l’unique obsession sociétale : décharger, caser, ordonner le fruit de l’efficace productivité… Rendre invisible, le décadent visible. Déjà à cette époque, au sein de mon activité en tant que décoratrice d’intérieur, j’ai observé l’ampleur du phénomène : la perte de sens, la prolifération d’achats spontanés, stériles, encouragés et soutenus par les prêts à la consommation. Insatisfaction, sentiments de frustration, de colère… peur de manquer, peur de perdre… l’exigeante course « consumatrice » semble avoir remporter la victoire, détrônant le qualitatif, l’utile, le raisonnable, le bon sens… la quiétude. Le con-fort s’est incrusté de manière lancinante au cœur de l’ensemble de nos espaces intimes. De son jeu pernicieux, sont nés de nouveaux enjeux : sanitaires, environnementaux, climatiques, politiques…! À présent, c’est une évidence : l’enjeu est en « je ».
Se délester du superflu pour stopper le super flux, voici le challenge commun.
Comment le relever ?… En épurant ! En commençant par choisir notre propre style : celui qui met à l’honneur la beauté de notre unicité dans le respect du précieux : notre santé physique, relationnelle, et environnementale. Se détourner de la facilité, du partisan du moindre effort, du « prêt à consumer » évite bien des égarements, des déconvenues personnelles et collectives.
Plutôt que le sensationnel, sommes-nous disposés à bien écouter afin de nous adapter au rythme respiratoire de l’ensemble du vivant ?…Y compris le subtil ? Sommes-nous prêts à changer de perspective pour accueillir le juste (re)nouveau ?
ÉPURER…
Idéal : synonyme de bonheur… Dans ce cas, ne serait-ce pas un état de réalisation intérieure « être », plutôt que « l’exausement » de désirs illimités tournés vers l’extérieur auquel il est juste et bon d’accorder notre attention ? La quête d’un idéal ne relèverait-elle pas d’une pure utopie commerciale, économique ?
C’est un fait ! Plein à craquer, au bord de la déchirure, notre cocon file un mauvais coton !
Au cours des dernières décennies, la philosophie de Baloo s’est effilochée ! Elle semble ne tenir plus qu’à un fil : la Conscience avec un grand « C », celle Divine. L’avons-nous oublié ou refusons-nous de la prendre en considération ? Car oui !… Il en faut vraiment très peu pour être heureux. Et c’est sans doute en cette juste mesure que réside le fondement d’un foyer sain, celui d’un système économique vivifiant. Là que la beauté puise son essence. Là que se vit l’essentiel, souvent confondu avec l’idéal.
En soi, sous chaque toit, celui du monde, l’idéal est de renouer avec le vrai sens de l’esthétisme : (ré)apprendre à vivre avec le juste nécessaire, dans le respect de ceux et ce qui nous environnent. N’est-ce pas ce que la nature nous enseigne… nous offre en abondance, sans démesure ? Pourquoi ne pas le reconnaître ?… (Re)connaître en nous l’idéal : l’essentiel ?
« La beauté repose sur les nécessités… qui sont le résultat d’une économie parfaite. L’alvéole d’une abeille est construite sous l’angle qui lui donne le plus de résistance avec le moins de cire possible. L’os ou la quille de l’oiseau lui donne la force la plus altière avec le moins de poids possible. Il n’y a pas une seule particule à sauvegarder dans les structures naturelles… Un homme peut construire une simple chaumière avec autant de symétrie, de façon à rendre les palais les plus raffinés bon marché et vulgaires. Utilisez la géométrie au lieu de la dépense, puisez de l’eau dans un ruisseau, utilisez le soleil et la lune comme les plus beaux ornements de décoration de votre demeure. C’est cela le dominion légitime de la beauté. »
– Ralph Waldo Emerson
LES BRUITS DU MONDE
Pour vous partager le fond de ma pensée, je me dis qu’il peut-être sage à présent, de se laisser exclure d’une société de démesure, d’inhumanité, plutôt que de servilement s’y installer en s’excluant de soi-même, en excluant notre « IN » humanité ! Sans doute est-ce d’avoir pratiqué un long chemin escarpé, semé d’embûches, qu’émerge ce ressenti.
Comme le souligne Régis Carlos dans l’un de ces propos : « Il y a tant de bruit dans notre monde, tant de chiffres d’études, de graphiques, d’opinions, qu’il faut tendre l’oreille pour entendre la douceur de celles et ceux qui prennent soin, qui créent cette poésie de vivre. » Poésie de vivre ! … Au fond, c’est peut-être cela dont l’humanité a besoin pour se (re)lever ? Pour renouer avec son originelle grandeur.
Une chose est certaine : peu importe le lieu, le style, les objets, « la » personne qui nous comblerait… tous, sont l’unique fruit de projections idéalisées. Celui qui ne s’est pas rencontré et satisfait de lui même ne peut se satisfaire de ceux et ce qui l’entourent. De ce qu’ils ont à lui offrir tels qu’ils sont. Chaque matin le jour revit. Et je me dis que si le monde contient une infinitude de matin, c’est qu’il y a en chaque jour naissant, un merveilleux à notre portée. Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige, qu’il fasse soleil, la Création est l’idéal essentiel !
Comment, celui qui ne sait chérir la beauté de la vie, son charme, sa valeur pourrait vivre l’essence du ciel ! Tout comme vous, pour peu que vous y prêtiez attention, ce que je vibre à l’intérieur de mon être, entre en vibration avec l’extérieur. Ce n’est pas du dehors, du matériel, du contexte dont je dois me soucier, sur lesquels je dois porter une attention formatée. Je suis mon idéal, mon essentiel ! Vous êtes votre idéal, votre essentiel !
MON STYLE ?…
Entre maison de maître et maison de campagne, mon cœur palpite. Et parce que dans ma région (nord-est), les hivers m’ont toujours parus longs et sombres, je m’inspire du style scandinave, car il peut être mis en œuvre dans n’importe quelle maison, quelle soit traditionnelle, ultra-moderne, urbaine ou campagnarde. Il symbolise à mon cœur l’art de vivre l’essentiel.
Composantes majeures : le bois, les lignes dépouillées génèrent en moi une sensation de calme. Selon les saisons, y compris dans l’instant présent, l’attrait pour cet art de vivre au naturel, offre une atmosphère apaisante, intemporelle… la possibilité d’un décor sans cesse renouvelé pour qui sait entrer en contemplation. Épuré plutôt que surchargé, dans un jeu de symétrie, il invite à une respectueuse jouissance : celle du juste nécessaire à l’équilibre. Cà et là, savamment posés ou accrochés, plutôt que des tableaux, je préfère disposer quelques miroirs qui contribuent à accentuer et anoblir chaque rayon de lumière. Autant qu’il est facile de flatter l’oeil avec des teintes chatoyantes, selon leur forme, leur taille, les miroirs, les matières, me permettent non seulement de mettre en valeur la lumière du jour, aussi, amplifier chaleureusement celle du soir.
De manière globale, ce style éveille et caresse l’Âme universelle. Unie vers celles, ceux et ce qui m’environnent.
Majoritairement, mes choix s’orientent vers des couleurs douces, des textures délicates que j’associe à différents accessoires choisis avec soin. Couleurs de la nature, matières naturelles, dans des nuances de blancs, de crème, de terre, de gris… chaque détail caractérise cet art de vivre authentique. Empreinte de doux contrastes et vitalité, c’est là que la magie opère, lorsque la nature, avec délicatesse pénètre les pièces, et que parées de pureté, le subtil avec grâce entre en danse et anime avec légèreté, l’habillage des fenêtres, des murs, des sièges, du linge de maison… Dans une élégante transparence, tout comme les miroirs, j’affectionne également les accessoires en verre, qui eux aussi, réfléchissent et contribuent à amplifier le rayonnement d’une subtile clarté. En somme, j’entre en lien corps, cœur, âme et esprit avec ce qui est présent, pour que communiquent entre eux l’ensemble des espaces : intérieurs et extérieurs. Le souffle de la vie nous a offert d’être en vie. De la goûter, de la contempler. Dans un juste équilibre des lois du vivant, qu’insufflons-nous sous notre toit, celui du monde ?…
« Est-ce que ce que je génère en moi, au sein de mes murs et au-delà, impactent de manière saine et constructive l’ensemble des espaces, des êtres ? »… voilà ce qui importe !
Rechercher un charme dénudé de toutes prétentions, maintenir l’esprit d’ouverture, un contact permanent avec le monde extérieur est ce qui m’anime. Avant toutes choses, ce sont la libre créée-activité, la libre circulation, le relationnel qui sont mis à l’honneur. Sans le conscientiser, c’est peut-être le doux souvenir d’un espace de plénitude, d’un ailleurs originel, berceau de notre humanité qui nous (r)appelle à l’idée d’un l’idéal.
Et vous qu’en pensez-vous ? Quel est votre définition de l’idéal ? Au service de qui, de quoi est-il ?
Illustrations : Pomax / Instagram / perso